fin de saison 2024/2025 difficile pour les maraîchers en AMAP

Lors de l’AG de l’interAMAP44 (collèges de paysans et mangeurs en AMAP), et pour répondre à une demande des  maraîchers en AMAP ayant rencontré des difficultés en 2024 particulièrement pluvieuse et un manque d’ensoleillement qui posent encore problème en ce début de 2025. Une rencontre avec les maraîchers en AMAP a eu lieu le jeudi 23 Janvier à St Seb (18 maraîchers et 6 mangeurs)
Pour rappel le document que l’interAMAP44 avait rédigé ensemble déjà en juin 2024:
https://www.amap44.org/etat-de-la-situation-agricole-un-printemps-catastrophique/

 Et …qui se terminait par: 
Espoir pour l’avenir:  Malgré ces défis, les maraîchers gardent espoir. La seconde moitié de l’année pourrait permettre un rattrapage des cultures. Les poireaux et choux, qui se portent bien dans les conditions actuelles, peuvent contribuer à sauver le chiffre d’affaires. La diversité des cultures reste un atout majeur pour la résilience des exploitations agricoles. La situation appelle à une solidarité accrue et à un soutien aux agriculteurs pour surmonter cette période difficile et assurer la continuité de la production alimentaire.
 
maraîchère les pieds dans l'eau

Et bien non ! le 2ème semestre 2024 à continuer à manquer de lumière et un trop d’eau: 
Plus d’un mètre d’eau tombé au mètre carré (1160 mm) : l’année la plus humide depuis 1994 , +25% qu’une année normale. un déficit d’ensoleillement de 10% à Nantes et aux alentours, cela représente un manque de soleil de près de 200 heures par rapport à une année normale (1873 heures d’ensoleillement). 9 mois sur 12 la pluviométrie a été supérieure à la normale en Loire Atlantique. Comme le disait un maraîcher en AMAP aux amapiens dépités de voir le faible poids des légumes dans leur panier:  » Combien de fois as-tu pris l’apéro sur ta terrasse cette année ? « . Est-ce une année exceptionnelle ? sûr c’est la première depuis la création de la première AMAP en France en 2001.

Nous mangeons actuellement des légumes de garde plantés ou semés pour certains depuis mars 2024
Les amapiens trouvent donc actuellement dans votre panier des légumes qui ont manqué de lumière (photosynthèse) et de chaleur en 2024.
Plus le maraîcher est engagé en AMAP (% du CA réalisé en AMAP est élevé)  plus la pression est importante et difficile à vivre au fur et à mesure que la saison 2024/2025 se termine et qu’il n’y a plus grand chose à mettre dans les paniers. Plus la structure de l’exploitation est collective (associés en GAEC par exemple) plus la pression est partagée et soutenable.

Les maraîchers vont satisfaire en priorité les amapiens au détriment de leurs autres circuits ( marché, Biocoop…)  
Les arboriculteurs et les maraîchers produisent des produits non transformés en prise directe avec la météo, même si des produits transformés comme le pain, la viande sont aussi tributaires de la qualité des semis et des récoltes.

La charte des AMAP reprise dans les contrats souligne le partage de la prise de risque du mangeur vis à vis du paysan:
« prendre en compte équitablement avec les paysan-ne-s les fluctuations et aléas inhérents à leur activité ». Les amaps doivent régulièrement rappeler la charte des amaps auprès des mangeurs.
Le maraîcher doit par anticipation communiquer via son mangeur référent (ou coordinateur) du niveau des stocks et de la qualité de des légumes de gardes.
Les amapiens sont les témoins directs, avec les paysans, du dérèglement climatique.

Comment envisager la fin de saison 2024/2025 jusqu’à la fin du contrat légumes actuel ?
Nous laissons à chaque maraîcher par l’intermédiaire de son référent (ou coordinateur) le soin de choisir les différentes possibilités:
– partager les pertes en partie ou en totalité, sous réserve de ne plus fournir non plus ses autres circuits si le maraîcher n’est pas 100% en AMAP.
– reporter les pertes en partie ou en totalité sur le prochain contrat 2025/2026 en espérant une meilleure météo.
– laisser ou pas le choix à chaque amapien de faire don de ses derniers paniers ou un report sur le prochain contrat. 
– le maraîcher peut justifier d’une valeur des paniers passés supérieur à la valeur moyenne du panier dans le contrat pour s’exonérer de fournir 1 ou plusieurs paniers.

Le coordinateur et le maraîcher doivent essayer de communiquer le plus tôt possible de la situation à venir d’ici la fin du contrat, mais en aucun cas rendre les chèques !
Le maraîcher est souvent complexé de décrire sa situation économique auprès des mangeurs, faire acte de solidarité n’est pas faire du misérabilisme à condition que le maraîcher soit transparent et à l’aise pour exposer sa situation facilement compréhensible, son référent (ou coordinateur) doit l’aider à le faire. 

Les leçons pour les prochaines saisons pour les maraîchers: 
– Faire de la transformation des légumes en fin d’été (conserves) pour les mettre dans les paniers l’hiver au cas où 
– Repenser leur structure juridique pour ne pas partager seul la prise de risque ( GAEC ou associés) 
– Faire régulièrement une feuille de chou à destination des mangeurs, soit sur l’état des cultures ou bien sur les pertes (compost – ravageurs….)
   – Inviter les mangeurs à venir visiter la ferme lors de conditions climatiques difficiles
 

Philippe Doux et Stéphane Airault maraîchers référents de l’interAMAP44